/ CONTEXTE

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Avec Les Veilleurs, Joanne Leighton explore la notion du temps et ses limites.
Est-il possible de maintenir cette chaîne humaine pendant une année entière, malgré les aléas du quotidien, des alarmes défaillantes, des retards imprévus, des conditions météorologiques difficiles ?
Ce projet ambitieux, au rapport rituel est un défi et veut donner la parole à la ville !

/ UNE PERFORMANCE A L’ÉCHELLE D’UNE ANNÉE ET D’UN ESPACE URBAIN

Les Veilleurs s’inscrit dans la lignée d’autres pièces du répertoire de Joanne Leighton, telles que Made in…Series, dans lesquelles la chorégraphe explore les notions d’espace et de site comme un tout, un commun peuplé de territoires, d’identités, d’espaces interdépendants. Elle propose avec Les Veilleurs d’élargir l’échelle de la performance, à la fois dans la durée – un an – et dans l’espace. La création ne se fait plus à l’échelle d’une esplanade, d’un parc ou d’un musée, mais d’une ville entière.
Joanne Leighton considère les déplacements que cette performance suscite, chaque matin au lever du soleil et chaque soir au coucher, à la fois comme un rituel mais aussi comme une chorégraphie, selon un rythme bien défini, répétitif et suivant des variantes. Le veilleur rejoint un accompagnateur en un point de rendez-vous précis, ils gravissent le lieu où se situe l’objet-abri et pendant une heure, le veilleur et l’accompagnateur sont en position de veille. Après une séance photographique et un temps de recueil des impressions du veilleur, les corps redescendent, rejoignent leur travail, leur domicile, leur école, dessinant ainsi un mouvement dans la ville.

/ UN RITE, UN RAPPORT AU SACRÉ

La répétition des mêmes mouvements, solitaires, d’un individu unique, présent dans une démarche personnelle, voire intime, appartenant à cette chaîne humaine, créant du collectif, avec l’appartenance au groupe qui en découle, évoque le rite. Le veilleur appartient à une communauté de gens qu’il n’a jamais croisés mais l’écho, la rumeur installée dans la ville, ont suscité en lui un sentiment d’appartenance à un groupe.

Plusieurs aspects de la performance sont choisis par la chorégraphe, encadrés autant que possible par le personnel dédié au projet, voire par les accompagnateurs, personnes bénévoles indispensables qui sont chargées d’accompagner matin et soir le veilleur : le travail avec le veilleur sur la notion de présence et sur le regard mené au cours de l’atelier préparatoire chaque semaine, la lumière faisant ressortir la silhouette du veilleur, l’objet-abri dessiné par le designer et scénographe Benjamin Tovo, les horaires précis, la durée précise…etc. L’aléatoire tient pourtant une place centrale, assumée et désirée, dans cette performance : les sons naturels (vent dans l’exosquelette de l’objet-abri...etc.) ou produits par la ville, les lumières naturelles, mais aussi les conditions climatiques.


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Photo © Christian Pogo Zach